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Réussite Scolaire, Réussite Educative ?

Résumé d’une intervention lors du séminaire « Les questions vives du partenariat », organisé par le Centre Alain Savary/INRP, Bourgoin-Jallieu, 02/07/2010

jeudi 4 novembre 2010, par Stéphane Kus

Comment définir la Réussite Scolaire en dépassant l’opposition avec la Réussite Educative ?

L’expression réussite éducative recèle en elle l’ambiguïté du public qu’elle cible avec toutes les connotations "prévention de la délinquance" : si l’enfant ne réussit pas à l’école, c’est qu’il n’est pas bien éduqué... Avec le risque de culpabilisation de la famille dont les carences éducatives sont mises en avant (attention, je ne critique pas les professionnels des PRE qui ont beaucoup réfléchi à la question et tentent plutôt de redonner à la famille et à l’enfant la confiance en leurs propres capacités). Quant à l’expression réussite scolaire, elle a été longtemps utilisée par opposition à échec scolaire pour caractériser les "bons élèves", qui travaillent "bien", qui ont "de bonnes notes", qui feront de "bonnes études" et auront "un bon métier". Bref en opposant les 2 expressions on est soit dans la reconnaissance du mérite individuel, soit dans la stigmatisation de l’échec individuel, ce qui caractérise encore bien le fonctionnement de notre institution scolaire et les représentations que la société a de cette institution.

Pour dépasser cette logique centrée sur les publics, on peut s’appuyer sur 2 outils : le droit anti-discriminatoire et le socle commun de connaissances et de compétences. Ils permettent tous les deux de passer d’une logique des publics à une logique des institutions. C’est aux institutions d’interroger leurs pratiques pour que les publics puissent passer d’une égalité formelle quant à leurs droits à une égalité de traitement qui leur permettent un accès effectif à leurs droits. Et en ce qui concerne l’institution scolaire, c’est par le Socle Commun qu’elle se donne pour mission de permetttre à tous les enfants d’atteindre ce niveau minimum de connaissances et de compétences. La Réussite Scolaire serait donc la réussite de l’institution à permettre à tous d’accéder à ce niveau minimum : on ne se soucie donc plus seulement de donner le même enseignement à tous, et on se pose la question de comment faire pour que tous apprennent.

Enfin, le socle commun de connaissances et de compétences, s’il est un texte scolaire, ne se fixe pas comme objectifs un simple liste de connaissances scolaires à acquérir, il tente de décloisonner les savoirs disciplinaires pour les articuler à ce que devrait être la formation minimale d’une personne citoyenne de nos sociétés contemporaines, en terme de connaissances, capacités, attitudes : c’est donc bien une Réussite Educative qui est définie dans ce texte puisque les savoirs scolaires sont interrogés et organisés en tant qu’ils contribuent à la formation d’un individu.

On mesure le chemin qu’il reste à parcourir pour l’institution scolaire pour mettre en œuvre cette conception de l’Ecole mais aussi pour ses partenaires si tant est que les savoirs qui s’enseignent à l’école participent de l’éducation des enfants pour comprendre le monde dans lequel ils vivront...

"Les savoirs scolaires ne sont que les réponses aux questions que les hommes se sont posé sur le monde." Marc Prouchet, formateur au Centre Michel Delay

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