Sommaire
- Préambule - page 1
- Animer, impulser, piloter, quelles difficultés pour les directeurs d’école ? - page 1
- Quelle conception pour une formation efficiente des directeurs au pilotage et à
- l’animation pédagogique de l’équipe - page 3
- Expérimentation - page 8
- Description du dispositif de formation - page 9
- La mise en oeuvre du dispositif de formation - page 19
- Bilan de l’expérimentation - page 21
- Conclusion et perspectives - page 23
- Annexes - page 24
- Annexe 1 - réponses au questionnaire préalable
- Annexe 2 - réponses au questionnaire bilan
- Annexe 3 - réponses au questionnaire national
Préambule
Dans mon parcours professionnel, j’ai été confronté de 2007 à 2012, en tant que coordonnateur de deux réseaux d’éducation prioritaire, à la question du pilotage pédagogique au service d’une école qui ferait mieux réussir tous les élèves. Détaché en tant que chargé d’études au centre Alain-Savary, IFÉ-ENS de Lyon de 2012 à 2018, j’ai pu approfondir cette question en participant à plusieurs recherches et en animant autour de celle-ci des formations de formateurs et de cadres sur le plan national. Depuis 2018, je suis directeur d’école, et j’ai souhaité, dans le cadre de ce travail de mémoire, me pencher sur cette dimension du travail des directeurs. En effet c’est leur mission au quotidien mais avec un statut particulier : ni supérieurs hiérarchiques, ni formateurs, les directeurs ont pourtant pour mission, en articulation avec d’autres métiers (IEN, conseillers pédagogiques, enseignants spécialisés, etc.), de permettre l’amélioration du travail et les changements de pratiques au service d’une école inclusive qui fait mieux réussir tous les élèves.
Animer, impulser, piloter, quelles difficultés pour les directeurs d’école ?
Le référentiel métier des directeurs d’école1 rappelle que le domaine pédagogique est l’un des trois domaines de responsabilité des directeurs d’école qui doivent assurer l’animation de l’équipe pédagogique, l’impulsion de la mise en oeuvre des programmes et de la mise en place des conditions nécessaires à la progression et à l’évaluation des élèves de l’école au plan collectif et individuel, et le pilotage au travers du projet d’école. Or cette dimension pédagogique du travail des directeurs est loin d’être évidente.
Dans les résultats de la consultation « Le métier de directrice et de directeur d’école aujourd’hui »2 publiés par le ministère de l’Education nationale en décembre 2019, 83% des répondants disent bien que l’item « suivi collectif des élèves, travail en équipe, élaboration de dispositifs d’aides, etc. » est bien ce qui constitue le coeur de leur métier, avec l’item « Pilotage pédagogique de l’équipe enseignante, suivi des projets pédagogiques » (74%). Il s’agit d’ailleurs des deux items qui leur procurent le plus de satisfaction au travail (pour respectivement 65% et 66% des répondants). Cependant, pour respectivement 43% et 27% d’entre eux, ils estiment avoir besoin de soutien pour ces deux items. Ils estiment par ailleurs ressentir un besoin de formation prioritaire concernant « la gestion de conflits entre adultes » (35%), « le pilotage pédagogique de l’équipe enseignante » (19%), « Le pilotage de l’équipe éducative de l’école » (12%), « la gestion de réunion » (9%). Ils souhaitent à 83% bénéficier de réunions régulières d’échange/de mutualisation d’expériences avec d’autres directeurs.
Dans le cadre de l’expérimentation liée à ce mémoire - qui sera décrite plus loin - j’ai pu également recueillir l’avis de 236 directrices et directeurs dans un questionnaire en ligne diffusé nationalement. 39,2 % d’entre eux disent que le pilotage pédagogique de l’école est le domaine qui leur pose le plus de problème (100% pour les directeurs pour lesquels j’ai conduit la formation dans ma circonscription). Une des questions posées était : « Concernant votre rôle de pilotage et d’animation pédagogique de votre équipe, pouvez-vous citer une chose qui vous semble difficile ? ». Les réponses obtenues permettent de dégager plusieurs catégories de difficultés :
- Le temps : il s’agit à la fois de la difficulté pour les directeurs de trouver le temps pour penser, outiller, organiser le travail collectif - « le manque de temps que l’on aimerait pouvoir y consacrer. Le pilotage et l’animation pédagogique est au cœur de mon métier mais c’est sans doute ce que j’ai le moins le temps de pouvoir faire tant le reste prend toute la place. », écrit l’un d’eux - et de la difficulté à trouver les temps où matériellement et mentalement les enseignants seront disponibles.
- La connaissance : comment faire quand on ne connait pas forcément ni tous les textes institutionnels ni toutes les spécificités des différents cycles ?
- La motivation : comment faire en sorte que les enseignants aient envie de se réunir et de réfléchir à des sujets dont ils ne voient pas forcément l’utilité immédiate ?
- La cohésion et la cohérence : comment faire consensus, comment harmoniser les pratiques des enseignants, comment faire en sorte que tout le monde fasse ce qu’on s’était dit qu’on ferait, comment faire avec l’hétérogénéité des enseignants, voire avec le turnover important sur certaines écoles, comment articuler le pilotage de l’école avec le pilotage et la formation de circonscription ?
- La légitimité : le statut à la fois de pair et d’interface avec la hiérarchie oblige le directeur à des grands écarts qui ne sont pas simples à tenir. « Le "c’est ma liberté pédagogique" se heurte à mon discours de continuité et fluidité du parcours de l’élève. », dit l’un d’eux.
- L’information : comment faire en sorte que celle-ci circule de manière efficiente auprès de tous les enseignants et entre les enseignants ?
Ces difficultés sont d’autant plus exacerbées dans un contexte de demande institutionnelle forte de transformation de l’école et des pratiques professionnelles pour une plus grande réussite de tous les élèves et pour une école inclusive. Le chercheur Frédéric Saujat écrivait « Du côté des prescriptions « descendantes », on assiste non seulement à un brouillage croissant des finalités de l’École – transmettre des connaissances, faire construire des compétences, (...),compenser les déficits de « socialisation » dont une fraction croissante de la population scolaire serait porteuse, former à la « citoyenneté », etc. – mais aussi à un élargissement et à une diversification du travail. Les effets de cette sur- prescription infinie des objectifs sont lourds. Ils pèsent d’autant plus sur la signification sociale et l’organisation du travail enseignant que les prescriptions s’inscrivent désormais dans une logique d’obligation de résultats et dans une « culture de la performance ». (...)
Mais les enseignants doivent compter également avec des prescriptions « remontantes » qui viennent de leur travail lui-même. Les occupations, souvent contrariées, auxquelles ils se livrent avec leurs élèves lorsqu’ils font classe sont source de préoccupations. Comment organiser les conditions de l’étude avec des élèves dont le rapport à l’expérience scolaire a perdu de son immédiateté ? Comment gérer l’hétérogénéité ? Comment faire avec les problèmes de discipline, les élèves « incontrôlables », les résistances à apprendre, les échecs d’une partie des élèves, etc. ? Les enseignants doivent trier entre ces différentes
sources de prescription, qu’elles viennent « d’en haut » ou « d’en bas ». Ils ont à établir des priorités entre elles sans jamais pouvoir les satisfaire toutes, arbitrer à la recherche d’une efficacité « malgré tout ». Cette recherche d’efficacité questionne le sens et l’efficience du métier face à des situations professionnelles inédites. ». (3 Frédéric Saujat, « Reconnaître le travail des enseignants », XYZEP n°32, INRP, 2008)
Certes les directeurs ne sont pas les seuls à accompagner et soutenir cette recherche d’efficacité. Ils peuvent s’appuyer sur d’autres personnels : enseignants spécialisés, formateurs, inspecteurs. Mais il leur revient d’organiser au quotidien dans leur école les conditions de cette recherche collective d’efficacité au service de tous les élèves.
Quelle conception pour une formation efficiente des directeurs au pilotage et à l’animation pédagogique de l’équipe ?
Nous nous sommes donc posé la question de savoir ce que pourrait être une formation des directeurs efficiente pour les aider dans ce rôle de pilotage et d’animation pédagogique de leur équipe au service d’une école qui se transforme progressivement pour mieux accueillir et faire réussir tous les élèves.
Pour lire la suite, ci-dessous le mémoire au format PDF :